Les origines du pouvoir Thaumaturge
La guérison des écrouelles a une origine populaire. Son histoire naît dans la région comprise entre Laon, Soissons et Reims, au cœur de la puissance capétienne. Elle mêle étroitement une histoire de saints, de loup et de roi.
Il existait à Corbeny, près de Laon, depuis le haut Moyen Age, des guérisons miraculeuses que prodiguait saint Marcoul aux malades atteints de ganglions ou scrofules.
On racontait aussi que les derniers rois carolingiens étaient morts déformés par cette maladie des glandes du cou, signe de la déchéance de leur dynastie. En effet, Louis IV d'Outremer, alors qu'il se rendait à cheval de Laon à Reims, avait rencontré dans la forêt un loup qu'il avait tenté de poursuivre, en vain, et qui lui avait donné cette maladie qu'on appelait aussi le mal du loup.
A la fin du XIe siècle, un saint homme, Arnoul, avait lui aussi rencontré ce loup dans la forêt. L'animal l'avait conduit jusqu'au monastère Saint-Médard, à Soissons, pour qu'il y devienne abbé.
Mais Arnoul était aussi un devin. C'est à lui que Philippe Ier, âgé de 30 ans et inquiet de ne pas avoir de fils, se remet pour obtenir de Dieu une descendance mâle. Arnoul lui fait alors la prédiction suivante : "La reine Berthe porte un fils en son sein qu'au baptême elle appellera Louis et qui, après sa mort, tiendra le royaume de France." C'est le futur Louis VI qui, d'une certaine façon, est une créature d'Arnoul, l'ami du loup.
Il est donc logique que les Capétiens deviennent, à l'inverse des Carolingiens qui ont été victime de la maladie, et parce qu'ils appartiennent à une dynastie choisie par Dieu, les guérisseurs des hideuses écrouelles.
Le miracle royal des rois thaumaturges n'est pas une construction élaborée par la hiérarchie de l'Eglise, ni même par la royauté. Il est né de croyances populaires, qui fondent une monarchie populaire.
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